La Volkswagen Karmann Ghia est bien plus qu’une automobile ; c’est une véritable icône des années 1950 et 1960, synonyme de design élégant et d’ingénierie ingénieuse. Produite par Volkswagen entre 1955 et 1974 pour le marché allemand (et jusqu’en 1975 pour le Brésil), cette voiture a su captiver les cœurs avec un subtil mélange de charme italien et d’efficacité allemande. Mais au-delà de son allure séduisante, la Karmann Ghia cache bien des secrets fascinants. Embarquons pour un voyage dans le temps pour découvrir huit faits insolites qui rendent cette voiture si spéciale.
Une naissance inspirée par la haute couture automobile
Images : Eduardo Benz
L’histoire commence dans les années 1950, lorsque Volkswagen, déjà célèbre pour sa robuste Coccinelle, cherchait à diversifier sa gamme avec une option plus glamour. Le design de la Karmann Ghia est né du studio italien Ghia, dirigé par Luigi Segre. En octobre 1953, lors du Salon de Paris, le concept initial, basé sur la plateforme de la Coccinelle, a volé la vedette. Avec ses courbes élégantes, le modèle s’impose rapidement comme le mariage parfait entre la rigueur allemande et l’esthétique italienne.
Le constructeur allemand Karmann, spécialiste des carrossiers haut de gamme, a pris en charge l’assemblage – un choix judicieux, car chaque panneau de carrosserie du coupé Type 14 était façonné à la main. Ce processus artisanal ajoutait une touche unique à chaque voiture, contribuant à son attrait intemporel. Près de 10 000 exemplaires furent vendus dès la première année de production, dépassant toutes les attentes initiales.
Un moteur modeste, mais fiable
Sous son capot arrière, la Volkswagen Karmann Ghia partageait une grande partie de sa mécanique avec la VW Coccinelle. À l’origine, elle était équipée d’un moteur quatre cylindres à plat refroidi par air de 1 192 cm³, développant une puissance modeste de 30 chevaux. Ce moteur permettait d’atteindre une vitesse maximale de 118 km/h, ce qui était suffisant pour séduire les amateurs de balades élégantes plutôt que de performances sportives.
Avec le temps, la Karmann Ghia a reçu des mises à jour mécaniques. Entre 1966 et 1971, les motorisations passèrent de 1 295 cm³ (40 ch) à 1 500 cm³ (44 ch), et enfin à 1 600 cm³ développant 50 ch. Ce moteur plus puissant, tout en restant modeste, apportait une meilleure expérience de conduite pour les passionnés recherchant un peu plus de dynamisme.
Une voiture qui transcende les frontières
Bien que conçue en Allemagne, la Karmann Ghia a rapidement conquis le monde. Près de 445 000 Type 14 furent produites en Allemagne entre 1955 et 1974, mais sa popularité éclipsa ces chiffres en Amérique du Nord, où elle devint la Volkswagen la plus importée. Le style rétro et raffiné trouvait une audience particulièrement réceptive en Californie, où les versions cabriolets, lancées en 1957, sont devenues un symbole de l’art de vivre en bord de plage.
Au Brésil, la production a continué après l’arrêt européen, avec un total de 41 600 véhicules construits à São Bernardo do Campo entre 1962 et 1975. La Karmann Ghia brésilienne, bien qu’esthétiquement proche de son homologue allemande, présentait quelques différences mineures, notamment une conception plus adaptée aux réalités locales.
L’évolution subtile du design
Au cours de ses années de production, la Karmann Ghia a connu plusieurs changements stylistiques, renforçant davantage son attrait. En 1961, le modèle a bénéficié de son premier rafraîchissement majeur, avec des calandres plus grandes, des phares repositionnés et des feux arrière plus volumineux, favorisant une meilleure visibilité. Sergio Sartorelli, un autre designer italien de renom, supervisait ces modifications, consolidant le caractère intemporel du véhicule.
En 1970, sous l’impulsion des régulations américaines, les modèles furent équipés de pare-chocs plus imposants, fabriqués pour absorber davantage l’énergie des chocs. Ces ajustements marquent une étape importante, notamment pour adapter la Karmann aux nouvelles normes tout en préservant son élégance.
Une rare variante : la Karmann Ghia Type 34
Alors que la Type 14 séduisait déjà le monde, Volkswagen décida de lancer une version plus luxueuse et audacieuse : la Karmann Ghia Type 34. Présentée en 1961 et parfois surnommée « Der Große Karmann » (la grande Karmann), cette version utilisait la plateforme de la Volkswagen Type 3 et offrait des lignes plus anguleuses, souvent qualifiées d’élégamment modernes pour l’époque. Son design « Razor Edge », conçu par Sergio Sartorelli, incarnait le sommet de l’élégance des années 60, mais sa carrière fut malheureusement éphémère.
Avec un moteur de 1 500 cm³, la Type 34 était non seulement plus grande, mais aussi plus performante que la Type 14. Pourtant, malgré un cockpit raffiné et un positionnement de véhicule haut de gamme, son prix ambitieux (presque le double de la Coccinelle) freinait les acheteurs. En conséquence, seuls 42 505 exemplaires furent produits jusqu’en 1969, contre environ 445 000 pour sa petite sœur. Aujourd’hui, les modèles Type 34 sont des pièces rares très recherchées par les collectionneurs, avec des prix atteignant parfois des sommets lors des ventes aux enchères.
La Karmann Ghia cabriolet : l’icône californienne par excellence
Si le modèle coupé était déjà un succès, la version cabriolet de la Karmann Ghia, introduite en 1957, devint une véritable légende, particulièrement aux États-Unis. En Californie, les amateurs de voitures raffolaient de ce modèle décapotable qui semblait fait pour les routes côtières et les couchers de soleil. Avec son toit rétractable parfaitement intégré dans le design, la Karmann Ghia cabriolet offrait une expérience de conduite unique, mariant plaisir au volant et élégance intemporelle.
Techniquement identique à la version coupé, le cabriolet proposait néanmoins un certain dynamisme grâce à sa légèreté. Bien qu’un peu plus coûteux, il devint rapidement un objet de désir incontournable, représentant pas moins de 20 % des ventes totales de Karmann Ghia en Amérique. Son style romantique et estival fait encore aujourd’hui rêver tout passionné d’automobile rétro.
Une voiture sensible à la corrosion
Comme toutes les voitures de son époque, la Karmann Ghia avait un point faible notoire : sa carrosserie était sensible à la corrosion. Bien que l’assemblage artisanal ait contribué à sa beauté, cette méthode laissait peu de marge pour les traitements anticorrosion modernes. Les parties inférieures, notamment près des passages de roue et des bas de caisse, étaient particulièrement vulnérables.
Cette faiblesse a toutefois créé un marché actif pour la restauration. Aujourd’hui, les propriétaires passionnés s’efforcent de redonner vie à ces joyaux en utilisant des plaques de métal modernes et des produits anticorrosion de pointe. Heureusement, de nombreuses pièces détachées sont encore produites, permettant même aux mécaniciens amateurs d’entreprendre des projets de restauration ambitieux sur ces véhicules d’époque.
La magie du « Lowlight » et son attrait pour les collectionneurs
Les premiers exemplaires de la Karmann Ghia Type 14 (produits entre 1955 et 1959) sont surnommés « Lowlight » par les passionnés. Ce nom fait référence à la position des phares avant, plus basse sur la carrosserie que sur les modèles ultérieurs. Ces versions Lowlight se distinguent également par leurs lignes encore plus épurées et offrent un design très recherché dans le monde du classic car.
Pour les collectionneurs, les modèles Lowlight représentent souvent l’apogée de la Karmann Ghia. Malheureusement, leur faible nombre de production et les ravages du temps en font des véhicules de plus en plus rares. Ces exemplaires peuvent facilement atteindre des prix supérieurs à 40 000 € lorsqu’ils sont en état concours. Les versions cabriolet Lowlight, encore plus rares, sont parfois listées à des prix frôlant les six chiffres dans certaines ventes spécialisées.
Une voiture pas si sportive, mais qui fait rêver
Il est important de souligner que, malgré ses lignes évoquant souvent les voitures de sport italiennes, la Karmann Ghia n’était pas une sportive pure et dure. Avec une puissance modeste et une conception mécanique basée sur la Coccinelle, elle ne rivalisait pas sur les circuits. Cependant, ce n’était pas son but.
Sa mission était simple : offrir la classe et le style d’une belle voiture européenne, à un prix accessible. Une voiture pas si sportive, mais qui fait rêver (suite)
Cette « anti-sportive de luxe », comme certains la décrivent avec affection, séduisait avec son allure et son élégance, mais ne cherchait pas à impressionner par ses performances. Sa vitesse maximale avoisinant les 120 km/h et ses accélérations modérées n’ont jamais été un handicap pour ses adeptes. En effet, les propriétaires de Karmann Ghia appréciaient davantage l’expérience de conduite éthérée, le style iconique et la reconnaissance qu’elle suscitait sur la route.
En ce sens, la Volkswagen Karmann Ghia faisait concurrence à des modèles comme la Chevrolet Corvair Monza ou certaines petites sportives anglaises comme la MG B roadster. Pourtant, elle réussissait l’exploit d’offrir un peu de l’esprit des voitures grand tourisme italiennes, avec une fiabilité légendaire typique des mécaniques Volkswagen.
Une cote toujours en hausse
En dépit de sa production relativement élevée à l’époque, la Karmann Ghia reste aujourd’hui une voiture convoitée par les collectionneurs et amateurs de voitures classiques. Les prix varient en fonction du modèle, de son état et de son historique. Les premiers prix pour un modèle Type 14 standard en bon état se situent autour de 15 000 €, mais les versions restaurées, avec des pièces d’origine, peuvent dépasser les 40 000 € selon les configurations.
Les versions cabriolets, plus rares, attirent des sommes encore plus importantes à mesure que les années passent, surtout si elles ont été bien conservées. Les modèles Type 34, particulièrement prisés pour leur exclusivité, atteignent souvent des enchères impressionnantes, surtout dans des marchés comme les États-Unis ou l’Allemagne, où l’engouement autour de ce véhicule reste vibrant.
La Karmann Ghia dans la culture populaire
La Volkswagen Karmann Ghia n’est pas seulement une voiture pour les passionnés ; elle a également trouvé sa place dans la culture populaire. Appréciée pour son style chic mais décontracté, elle a fait plusieurs apparitions au cinéma et dans des séries télévisées. En particulier, elle est devenue un emblème dans certains films américains des années 60 où elle incarnait la classe européenne et le style de vie ensoleillé californien.
Dans les années récentes, les influenceurs et photographes sur les réseaux sociaux se plaisent à utiliser la Karmann Ghia comme toile de fond rétro pour évoquer les années passées et un style de vie élégant. Cette immortalisation de son image continue de renforcer la magie et l’attachement intemporel qu’elle suscite à travers les générations.
La Karmann Ghia, une légende toujours vivante
Au fil des décennies, la Volkswagen Karmann Ghia a transcendé sa modeste mécanique pour devenir une icône de design, une machine élégamment sculptée qui continue de faire rêver. Grâce à son mélange réussi entre simplicité mécanique, esthétique raffinée et touche italienne, elle reste aujourd’hui l’une des voitures classiques les plus appréciées.
Que ce soit pour ses lignes intemporelles, ses liens avec des designers emblématiques ou sa fiabilité héritée de la célèbre Coccinelle, la Karmann Ghia est un joyau à part dans l’histoire automobile. Pour les passionnés collectionneurs comme pour les amateurs de conduite nostalgique, posséder une Karmann Ghia est bien plus qu’un plaisir : c’est une immersion dans l’âge d’or de l’automobile, où passion, design et liberté se rencontrent parfaitement. Si vous cherchez une pièce de collection ou simplement une voiture qui raconte une histoire, la Volkswagen Karmann Ghia pourrait bien être la réponse à vos rêves.
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