AUTOMOBILE
Volkswagen Karmann Ghia en 2024 : 8 secrets et faits insolites à savoir

La Volkswagen Karmann Ghia est bien plus qu’une automobile ; c’est une véritable icône des années 1950 et 1960, synonyme de design élégant et d’ingénierie ingénieuse. Produite par Volkswagen entre 1955 et 1974 pour le marché allemand (et jusqu’en 1975 pour le Brésil), cette voiture a su captiver les cœurs avec un subtil mélange de charme italien et d’efficacité allemande. Mais au-delà de son allure séduisante, la Karmann Ghia cache bien des secrets fascinants. Embarquons pour un voyage dans le temps pour découvrir huit faits insolites qui rendent cette voiture si spéciale.
Une naissance inspirée par la haute couture automobile

Images : Eduardo Benz
L’histoire commence dans les années 1950, lorsque Volkswagen, déjà célèbre pour sa robuste Coccinelle, cherchait à diversifier sa gamme avec une option plus glamour. Le design de la Karmann Ghia est né du studio italien Ghia, dirigé par Luigi Segre. En octobre 1953, lors du Salon de Paris, le concept initial, basé sur la plateforme de la Coccinelle, a volé la vedette. Avec ses courbes élégantes, le modèle s’impose rapidement comme le mariage parfait entre la rigueur allemande et l’esthétique italienne.
Le constructeur allemand Karmann, spécialiste des carrossiers haut de gamme, a pris en charge l’assemblage – un choix judicieux, car chaque panneau de carrosserie du coupé Type 14 était façonné à la main. Ce processus artisanal ajoutait une touche unique à chaque voiture, contribuant à son attrait intemporel. Près de 10 000 exemplaires furent vendus dès la première année de production, dépassant toutes les attentes initiales.
Un moteur modeste, mais fiable

Sous son capot arrière, la Volkswagen Karmann Ghia partageait une grande partie de sa mécanique avec la VW Coccinelle. À l’origine, elle était équipée d’un moteur quatre cylindres à plat refroidi par air de 1 192 cm³, développant une puissance modeste de 30 chevaux. Ce moteur permettait d’atteindre une vitesse maximale de 118 km/h, ce qui était suffisant pour séduire les amateurs de balades élégantes plutôt que de performances sportives.
Avec le temps, la Karmann Ghia a reçu des mises à jour mécaniques. Entre 1966 et 1971, les motorisations passèrent de 1 295 cm³ (40 ch) à 1 500 cm³ (44 ch), et enfin à 1 600 cm³ développant 50 ch. Ce moteur plus puissant, tout en restant modeste, apportait une meilleure expérience de conduite pour les passionnés recherchant un peu plus de dynamisme.
Une voiture qui transcende les frontières

Bien que conçue en Allemagne, la Karmann Ghia a rapidement conquis le monde. Près de 445 000 Type 14 furent produites en Allemagne entre 1955 et 1974, mais sa popularité éclipsa ces chiffres en Amérique du Nord, où elle devint la Volkswagen la plus importée. Le style rétro et raffiné trouvait une audience particulièrement réceptive en Californie, où les versions cabriolets, lancées en 1957, sont devenues un symbole de l’art de vivre en bord de plage.
Au Brésil, la production a continué après l’arrêt européen, avec un total de 41 600 véhicules construits à São Bernardo do Campo entre 1962 et 1975. La Karmann Ghia brésilienne, bien qu’esthétiquement proche de son homologue allemande, présentait quelques différences mineures, notamment une conception plus adaptée aux réalités locales.
L’évolution subtile du design

Au cours de ses années de production, la Karmann Ghia a connu plusieurs changements stylistiques, renforçant davantage son attrait. En 1961, le modèle a bénéficié de son premier rafraîchissement majeur, avec des calandres plus grandes, des phares repositionnés et des feux arrière plus volumineux, favorisant une meilleure visibilité. Sergio Sartorelli, un autre designer italien de renom, supervisait ces modifications, consolidant le caractère intemporel du véhicule.
En 1970, sous l’impulsion des régulations américaines, les modèles furent équipés de pare-chocs plus imposants, fabriqués pour absorber davantage l’énergie des chocs. Ces ajustements marquent une étape importante, notamment pour adapter la Karmann aux nouvelles normes tout en préservant son élégance.
Une rare variante : la Karmann Ghia Type 34

Alors que la Type 14 séduisait déjà le monde, Volkswagen décida de lancer une version plus luxueuse et audacieuse : la Karmann Ghia Type 34. Présentée en 1961 et parfois surnommée « Der Große Karmann » (la grande Karmann), cette version utilisait la plateforme de la Volkswagen Type 3 et offrait des lignes plus anguleuses, souvent qualifiées d’élégamment modernes pour l’époque. Son design « Razor Edge », conçu par Sergio Sartorelli, incarnait le sommet de l’élégance des années 60, mais sa carrière fut malheureusement éphémère.
Avec un moteur de 1 500 cm³, la Type 34 était non seulement plus grande, mais aussi plus performante que la Type 14. Pourtant, malgré un cockpit raffiné et un positionnement de véhicule haut de gamme, son prix ambitieux (presque le double de la Coccinelle) freinait les acheteurs. En conséquence, seuls 42 505 exemplaires furent produits jusqu’en 1969, contre environ 445 000 pour sa petite sœur. Aujourd’hui, les modèles Type 34 sont des pièces rares très recherchées par les collectionneurs, avec des prix atteignant parfois des sommets lors des ventes aux enchères.
La Karmann Ghia cabriolet : l’icône californienne par excellence

Si le modèle coupé était déjà un succès, la version cabriolet de la Karmann Ghia, introduite en 1957, devint une véritable légende, particulièrement aux États-Unis. En Californie, les amateurs de voitures raffolaient de ce modèle décapotable qui semblait fait pour les routes côtières et les couchers de soleil. Avec son toit rétractable parfaitement intégré dans le design, la Karmann Ghia cabriolet offrait une expérience de conduite unique, mariant plaisir au volant et élégance intemporelle.
Techniquement identique à la version coupé, le cabriolet proposait néanmoins un certain dynamisme grâce à sa légèreté. Bien qu’un peu plus coûteux, il devint rapidement un objet de désir incontournable, représentant pas moins de 20 % des ventes totales de Karmann Ghia en Amérique. Son style romantique et estival fait encore aujourd’hui rêver tout passionné d’automobile rétro.
Une voiture sensible à la corrosion

Comme toutes les voitures de son époque, la Karmann Ghia avait un point faible notoire : sa carrosserie était sensible à la corrosion. Bien que l’assemblage artisanal ait contribué à sa beauté, cette méthode laissait peu de marge pour les traitements anticorrosion modernes. Les parties inférieures, notamment près des passages de roue et des bas de caisse, étaient particulièrement vulnérables.
Cette faiblesse a toutefois créé un marché actif pour la restauration. Aujourd’hui, les propriétaires passionnés s’efforcent de redonner vie à ces joyaux en utilisant des plaques de métal modernes et des produits anticorrosion de pointe. Heureusement, de nombreuses pièces détachées sont encore produites, permettant même aux mécaniciens amateurs d’entreprendre des projets de restauration ambitieux sur ces véhicules d’époque.
La magie du « Lowlight » et son attrait pour les collectionneurs

Les premiers exemplaires de la Karmann Ghia Type 14 (produits entre 1955 et 1959) sont surnommés « Lowlight » par les passionnés. Ce nom fait référence à la position des phares avant, plus basse sur la carrosserie que sur les modèles ultérieurs. Ces versions Lowlight se distinguent également par leurs lignes encore plus épurées et offrent un design très recherché dans le monde du classic car.
Pour les collectionneurs, les modèles Lowlight représentent souvent l’apogée de la Karmann Ghia. Malheureusement, leur faible nombre de production et les ravages du temps en font des véhicules de plus en plus rares. Ces exemplaires peuvent facilement atteindre des prix supérieurs à 40 000 € lorsqu’ils sont en état concours. Les versions cabriolet Lowlight, encore plus rares, sont parfois listées à des prix frôlant les six chiffres dans certaines ventes spécialisées.
Une voiture pas si sportive, mais qui fait rêver

Il est important de souligner que, malgré ses lignes évoquant souvent les voitures de sport italiennes, la Karmann Ghia n’était pas une sportive pure et dure. Avec une puissance modeste et une conception mécanique basée sur la Coccinelle, elle ne rivalisait pas sur les circuits. Cependant, ce n’était pas son but.
Sa mission était simple : offrir la classe et le style d’une belle voiture européenne, à un prix accessible. Une voiture pas si sportive, mais qui fait rêver (suite)
Cette « anti-sportive de luxe », comme certains la décrivent avec affection, séduisait avec son allure et son élégance, mais ne cherchait pas à impressionner par ses performances. Sa vitesse maximale avoisinant les 120 km/h et ses accélérations modérées n’ont jamais été un handicap pour ses adeptes. En effet, les propriétaires de Karmann Ghia appréciaient davantage l’expérience de conduite éthérée, le style iconique et la reconnaissance qu’elle suscitait sur la route.
En ce sens, la Volkswagen Karmann Ghia faisait concurrence à des modèles comme la Chevrolet Corvair Monza ou certaines petites sportives anglaises comme la MG B roadster. Pourtant, elle réussissait l’exploit d’offrir un peu de l’esprit des voitures grand tourisme italiennes, avec une fiabilité légendaire typique des mécaniques Volkswagen.
Une cote toujours en hausse

En dépit de sa production relativement élevée à l’époque, la Karmann Ghia reste aujourd’hui une voiture convoitée par les collectionneurs et amateurs de voitures classiques. Les prix varient en fonction du modèle, de son état et de son historique. Les premiers prix pour un modèle Type 14 standard en bon état se situent autour de 15 000 €, mais les versions restaurées, avec des pièces d’origine, peuvent dépasser les 40 000 € selon les configurations.
Les versions cabriolets, plus rares, attirent des sommes encore plus importantes à mesure que les années passent, surtout si elles ont été bien conservées. Les modèles Type 34, particulièrement prisés pour leur exclusivité, atteignent souvent des enchères impressionnantes, surtout dans des marchés comme les États-Unis ou l’Allemagne, où l’engouement autour de ce véhicule reste vibrant.
La Karmann Ghia dans la culture populaire

La Volkswagen Karmann Ghia n’est pas seulement une voiture pour les passionnés ; elle a également trouvé sa place dans la culture populaire. Appréciée pour son style chic mais décontracté, elle a fait plusieurs apparitions au cinéma et dans des séries télévisées. En particulier, elle est devenue un emblème dans certains films américains des années 60 où elle incarnait la classe européenne et le style de vie ensoleillé californien.
Dans les années récentes, les influenceurs et photographes sur les réseaux sociaux se plaisent à utiliser la Karmann Ghia comme toile de fond rétro pour évoquer les années passées et un style de vie élégant. Cette immortalisation de son image continue de renforcer la magie et l’attachement intemporel qu’elle suscite à travers les générations.
La Karmann Ghia, une légende toujours vivante

Au fil des décennies, la Volkswagen Karmann Ghia a transcendé sa modeste mécanique pour devenir une icône de design, une machine élégamment sculptée qui continue de faire rêver. Grâce à son mélange réussi entre simplicité mécanique, esthétique raffinée et touche italienne, elle reste aujourd’hui l’une des voitures classiques les plus appréciées.
Que ce soit pour ses lignes intemporelles, ses liens avec des designers emblématiques ou sa fiabilité héritée de la célèbre Coccinelle, la Karmann Ghia est un joyau à part dans l’histoire automobile. Pour les passionnés collectionneurs comme pour les amateurs de conduite nostalgique, posséder une Karmann Ghia est bien plus qu’un plaisir : c’est une immersion dans l’âge d’or de l’automobile, où passion, design et liberté se rencontrent parfaitement. Si vous cherchez une pièce de collection ou simplement une voiture qui raconte une histoire, la Volkswagen Karmann Ghia pourrait bien être la réponse à vos rêves.
AUTOMOBILE
Le détail à 2€ sur la Beetle Sport qui prouve le génie (ou la folie) des ingénieurs Volkswagen
La Volkswagen Beetle Sport est un paradoxe roulant. Une machine née d’une schizophrénie mécanique fascinante… Pour comprendre son âme, oubliez sa fiche technique. La clé se cache dans un simple détail de sa planche de bord.

La Volkswagen Beetle Sport est un paradoxe roulant. Une machine née d’une schizophrénie mécanique fascinante, tiraillée entre l’héritage pop de son aïeule et une envie féroce de mordre l’asphalte. Pour comprendre son âme, oubliez un instant sa fiche technique, son aileron de requin et son moteur emprunté à la Golf GTI. La clé, le secret qui déverrouille toute sa philosophie, se cache à la vue de tous, sur sa planche de bord. C’est un simple morceau de plastique. Un détail qui n’a pas coûté plus de 2€ à produire, mais qui pèse une tonne en intention. Un détail qui incarne à lui seul la bataille rangée entre le génie pur et la folie douce qui a fait rage dans les bureaux de design de Volkswagen.
Pour saisir l’enjeu, il faut rembobiner au début des années 2010. La « New Beetle » de 1997, avec son arc de cercle parfait et son vase à fleur iconique, avait conquis le monde mais s’était enfermée dans une image « mignonne ». Volkswagen voulait, ou plutôt devait, briser le moule. La mission de la nouvelle génération « A5 », lancée en 2011, était claire : injecter une dose massive de testostérone. Le toit s’est aplati, la voiture s’est allongée, le regard s’est durci. Et avec la version Sport, armée du bloc 2.0 TSI, la déclaration était claire : « Prenez-moi au sérieux ». Elle venait chasser sur les terres de sa cousine la Scirocco et de l’éternelle Mini Cooper S. C’était une Beetle qui avait troqué les fleurs contre des gants de boxe.
Le Retour du Käferfach : Un Fantôme dans la Machine Sportive

Et pourtant. Au milieu de cet effort pour créer une machine plus virile et athlétique, ils l’ont fait. Ils ont réinstallé un fantôme. Ouvrez la porte, installez-vous dans le siège sport, et votre regard est attiré par cette seconde boîte à gants, perchée au-dessus de la principale. Ce petit compartiment qui bascule vers le haut, ce n’est pas une innovation. C’est une citation. C’est le Käferfach, un clin d’œil direct, une réplique quasi conforme de la boîte à gants de la Coccinelle originelle, la Type 1. Le « clic » de son loquet n’est pas juste un son mécanique, c’est un écho qui traverse 70 ans d’histoire automobile. Et c’est là que le débat commence.
D’un côté, c’est un trait de génie absolu. À une époque où les plateformes se standardisent à l’extrême, où une Audi, une Skoda et une VW partagent 80% de leurs composants invisibles, ce détail est une ancre. C’est la preuve matérielle que cette voiture a une âme, une lignée. C’est un acte de branding brillant, un rappel constant et tactile que vous n’êtes pas au volant d’une énième compacte sportive sans histoire. Chaque fois que le conducteur ou le passager pose la main dessus, Volkswagen lui murmure à l’oreille : « Tu vois, c’est une vraie Beetle ». C’est un pont jeté entre les baby-boomers nostalgiques et les millenials en quête de performance et de style. Ce n’est pas du plastique, c’est de l’héritage injectable. Caractéristique Volkswagen Beetle Sport (2.0 TSI) Volkswagen Scirocco R-Line (2.0 TSI) Volkswagen Golf GTI (Mk6/7) Plateforme VW Group A5 (PQ35) VW Group A5 (PQ35) VW Group A5 (PQ35) / MQB Puissance (approx.) 210-220 ch 210-220 ch 211-230 ch 0-100 km/h ~7.3 s ~6.9 s ~6.5 s Le « Détail » Signature Double boîte à gants (Käferfach) Portes sans cadre, hanches larges Tissu écossais « Clark Plaid » Indice de Caractère (Design) 9/10 7/10 6/10 Potentiel Collection (2025) En hausse Stable Élevé (selon édition)
La Douce Folie d’un Compromis

De l’autre côté, c’est une pure folie. Visualisez la scène. Vous êtes un ingénieur performance chez VW. Vous vous battez pour chaque gramme, pour optimiser les flux d’air, pour rigidifier le châssis. Le département financier vous demande de piocher un maximum dans la banque d’organes du groupe pour réduire les coûts. Et l’équipe de design, avec un sourire en coin, exige de créer un outillage spécifique, d’ajouter une étape de montage, de complexifier toute la planche de bord… pour une deuxième boîte à gants sentimentale et à peine pratique. C’est une aberration économique et une hérésie pour un puriste de la performance. C’est un compromis qui, sur le papier, aurait pu diluer le message « Sport » de la voiture. C’est le genre de décision irrationnelle, basée sur l’émotion, qui fait cauchemarder les contrôleurs de gestion. C’était risquer de rendre la voiture moins crédible dans sa nouvelle mission pour un simple clin d’œil au passé. Génération Beetle Période de Production L’Âme du Tableau de Bord Type 1 (Coccinelle) 1938-2003 Simplicité, tôle peinte, boîte à gants centrale New Beetle 1997-2011 Arche symétrique, plastique texturé, le vase à fleur Beetle (A5) Sport 2011-2019 Design plus plat et agressif, le retour du Käferfach
Le marché n’a jamais vraiment tranché. La Beetle Sport n’a pas été le raz-de-marée commercial espéré. Elle est restée une offre de niche, un choix de connaisseur. Mais aujourd’hui, avec le recul, ce qui semblait être un compromis discutable est devenu sa plus grande force. Cette voiture a refusé de choisir son camp. Elle est à la fois une machine étonnamment compétente et un objet de design chargé d’histoire. Ce Käferfach n’est pas juste un détail. C’est le manifeste de la voiture. Il proclame que la performance n’a pas besoin d’être froide et sans âme, et que l’héritage n’a pas à être ennuyeux et cantonné à un musée. Ce détail à 2€ n’est ni du génie, ni de la folie. C’est les deux à la fois. Et c’est précisément pour cette sublime contradiction que la Volkswagen Beetle Sport est, et restera, une voiture absolument à part.
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7 détails de design géniaux du Type H que vous n’avez probablement jamais remarqués
Oubliez le food truck ! Le Citroën Type H est une leçon de design industriel. Nous révélons 7 détails de conception, de sa carrosserie inspirée de l’aviation à ses suspensions de berline, qui prouvent que son génie se cache là où personne ne regarde. Plongez dans les secrets d’une véritable icône

Le Citroën Type H. Fermez les yeux et vous le voyez instantanément. Sa silhouette de cabane en tôle ondulée, sa bouille inimitable de « panier à salade » ou de food truck branché qui sert des burgers à 18 euros. Il est devenu une icône, un pur objet de déco roulant qui incarne une certaine idée de la France, entre la baguette, le béret et les vacances au camping. Mais s’arrêter à cette image de carte postale, c’est commettre une injustice. C’est passer à côté de l’essentiel. Car le Type H n’est pas simplement « vieux » ou « charmant ». C’est un chef-d’œuvre de design industriel, un concentré d’ingéniosité où chaque courbe, chaque tôle, chaque « bizarrerie » apparente est la réponse brillante à une contrainte précise. Oubliez la nostalgie un instant. Nous allons décortiquer 7 détails qui prouvent que son concepteur, Pierre Franchiset, était un génie pragmatique qui a dessiné l’un des véhicules les plus intelligents de l’histoire.
Le premier détail qui saute aux yeux, c’est bien sûr sa carrosserie. Cette fameuse tôle ondulée, devenue sa signature. Beaucoup pensent qu’il s’agit d’un simple effet de style, d’une coquetterie pour se distinguer. La réalité est bien plus maligne. À la sortie de la guerre, l’acier de qualité est rare et cher. Pour construire un fourgon robuste sans utiliser des panneaux de tôle épais et lourds, les ingénieurs de Citroën ont piqué une idée à l’aéronautique, et plus précisément à l’avion allemand Junkers Ju 52. L’ondulation décuple la rigidité structurelle du panneau, permettant d’utiliser une tôle beaucoup plus fine, donc plus légère et moins chère. C’est l’antithèse du design gratuit : une solution économique qui crée une esthétique inoubliable. Cette quête d’efficacité explique aussi son célèbre « nez de cochon ». Ce n’était pas pour lui donner un air sympathique. C’était la seule façon de loger en porte-à-faux avant l’intégralité du groupe motopropulseur de la Traction Avant.
Cette architecture a une conséquence directe, qui constitue notre deuxième détail de génie : son plancher. En plaçant le moteur, la boîte et la transmission à l’avant, Franchiset a libéré tout l’espace arrière. Le Type H fut ainsi l’un des tout premiers utilitaires à traction avant de grande série, offrant un seuil de chargement incroyablement bas et, surtout, un plancher entièrement plat. Une révolution. Fini le pont arrière qui impose un plancher surélevé et biscornu. Pour un artisan, un livreur ou un marchand ambulant, cela changeait la vie. On pouvait y tenir debout, y installer un atelier, ou charger des objets volumineux sans effort. Caractéristique Citroën Type H (1947) Renault 1000 kg (1947) Architecture Traction Avant Propulsion Hauteur du Seuil de Chargement env. 35 cm env. 70 cm Plancher de l’Espace Utile Entièrement plat Surélevé avec passage de pont Volume Utile (standard) 7,3 m³ 6,5 m³
Passons aux portes. Les portières avant s’ouvrant « à l’envers », dites « portes suicide », ne sont pas un archaïsme. C’était une demande explicite des professionnels. Pour un livreur qui passe sa journée à monter et descendre, cette cinématique était une bénédiction. La porte, une fois ouverte, ne dépassait pas du gabarit du véhicule, idéal pour les rues étroites. Le chauffeur pouvait sortir et accéder au trottoir en un seul mouvement fluide, sans être gêné par la porte. Le pragmatisme, encore et toujours. Ce même pragmatisme se retrouve dans le pare-brise en deux parties. Pourquoi ? Pour une raison purement économique. En cas de fissure ou de bris de glace, remplacer une petite vitre plate coûtait une misère comparé au remplacement d’une grande pièce, qui plus est, aurait été courbe et donc onéreuse à produire. C’était simple, malin et ça réduisait les coûts d’utilisation.
Le confort, ou plutôt son absence, est un mythe tenace concernant les vieux utilitaires. Pourtant, le Type H cachait sous sa robe rustique une suspension de berline. Il reposait sur une suspension à quatre roues indépendantes avec des barres de torsion, une technologie directement héritée de la Traction Avant. À une époque où tous ses concurrents sautaient sur la route, rigides comme des charrettes avec leurs essieux rigides et leurs ressorts à lames, le « Tube » offrait une tenue de route et un confort surprenants. Un avantage crucial non seulement pour le dos du conducteur, mais aussi pour le transport de marchandises fragiles.
Enfin, regardons à l’arrière. La plupart des Type H étaient équipés d’une porte de soute en trois parties. Une grande porte latérale et, au-dessus, un petit hayon qui se relevait. Cette modularité était brillante. Besoin de charger un meuble ? On ouvre tout. Besoin de transporter des tuyaux ou une échelle qui dépassent ? On laissait simplement le hayon supérieur ouvert. C’était une solution simple qui offrait une polyvalence incroyable, bien avant que le marketing n’invente le mot « modularité ». Tout le véhicule était d’ailleurs pensé comme un jeu de Lego. Citroën ne vendait pas seulement un fourgon, mais une plateforme. Le châssis-cabine pouvait être carrossé en bétaillère, en camping-car, en bus ou en plateau, une adaptabilité qui explique sa longévité record de 34 ans.
Type de Carrosserie (Exemples) | Usage Principal |
Fourgon tôlé | Livraison, artisanat, police |
Plateau-cabine | Matériaux de construction, foin |
Minibus | Transport de personnes |
Bétaillère | Transport de petit bétail |
Camping-car | Loisirs |

Alors la prochaine fois que vous croiserez un Type H, regardez-le différemment. Ne voyez pas seulement un objet vintage sympathique. Voyez l’intelligence pure. Voyez une machine où chaque ligne, chaque tôle, a été dictée par la fonction et l’économie, créant par nécessité une esthétique qui a traversé les décennies sans prendre une ride. Le Type H n’est pas beau malgré sa simplicité. Il est beau grâce à elle. Une leçon de design dont beaucoup de constructeurs modernes feraient bien de s’inspirer.
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Renault Safrane Biturbo : Le missile français qui devait humilier les Allemandes
Au début des années 90, Renault, auréolé du succès de la R25, nourrissait une ambition folle : défier et battre les constructeurs allemands sur leur propre terrain. Cette ambition a donné naissance à un projet hors normes, un véritable missile routier en costume de notable : la Safrane Biturbo

Au début des années 90, Renault, auréolé du succès de la R25, nourrissait une ambition folle : défier et battre les constructeurs allemands sur leur propre terrain, celui des berlines de sport et de luxe. Cette ambition a donné naissance à un projet hors normes, un véritable missile routier en costume de notable : la Safrane Biturbo. Une machine de guerre technologique conçue pour faire trembler Munich et Stuttgart.
L’ambition d’une époque : Frapper fort, frapper haut

Renault voulait un porte-drapeau, une vitrine technologique capable de synthétiser tout son savoir-faire. L’objectif n’était pas seulement de remplacer la R25 V6 Turbo, mais de créer une voiture qui regarderait droit dans les yeux les BMW M5, Audi S4 et autres Mercedes E 500. Il ne s’agissait plus de proposer une alternative française, mais bien la nouvelle référence. Pour cela, Renault a mis les moyens, partant de la base saine de sa nouvelle grande routière, la Safrane, pour y greffer le meilleur de la technologie disponible. Le cahier des charges était simple : performances de premier ordre, luxe intérieur et efficacité dynamique sans faille.
Un cœur allemand dans une berline française

Conscient que la performance pure nécessitait une expertise spécifique, Renault a fait un choix audacieux et pragmatique : s’allier à des spécialistes allemands. Le vieillissant moteur V6 PRV (Peugeot-Renault-Volvo) a été envoyé en cure de jouvence chez Hartge, un préparateur réputé pour ses travaux sur les BMW. Le bloc de 3.0 litres fut entièrement revu, renforcé et surtout, suralimenté par deux turbocompresseurs KKK basse pression. Le résultat ? Une puissance portée à 268 chevaux et un couple généreux de 365 Nm disponible très bas dans les tours. Ce V6 transfiguré offrait une souplesse remarquable et une poussée puissante et continue. Pour l’assemblage final et la mise au point, c’est un autre sorcier allemand, Irmscher, qui fut sollicité. La Safrane Biturbo était donc une Française au cœur et au savoir-faire germaniques.
Quadra : La transmission intégrale comme arme secrète

Pour faire passer cette cavalerie au sol, Renault a dégainé une de ses technologies maîtresses : la transmission intégrale permanente Quadra. Là où les BMW restaient fidèles à la propulsion, la Safrane Biturbo misait sur quatre roues motrices pour garantir une motricité et une sécurité absolues, quelles que soient les conditions. Le système, doté d’un viscocoupleur central, répartissait le couple entre l’avant et l’arrière, assurant un comportement routier impérial. Couplée à une suspension pilotée alliant confort et rigueur, cette architecture faisait de la Biturbo une dévoreuse d’autoroutes et de cols de montagne, imperturbable et souveraine. Le seul choix de transmission était une boîte manuelle à 5 rapports, renforcée pour encaisser le couple, un détail qui la destinait aux puristes mais la coupait d’une partie de la clientèle « luxe » habituée aux boîtes automatiques.
Des performances de premier plan… sur le papier

Avec ses 268 chevaux, la Safrane Biturbo affichait des chiffres respectables. Le 0 à 100 km/h était abattu en 7,2 secondes, le 1000 mètres départ arrêté en 27,8 secondes, et la vitesse de pointe était bridée électroniquement à 250 km/h. Sur le papier, elle se positionnait comme une rivale crédible. Dans les faits, elle n’arrivait pas à « humilier » complètement les reines de la catégorie. Une BMW M5 E34 de 340 ch restait plus performante en accélération pure. Cependant, la Française se rattrapait par son incroyable polyvalence. Moins brutale et plus feutrée, elle se révélait être une formidable machine de Grand Tourisme, capable d’enchaîner les kilomètres à haute vitesse dans un confort royal, là où ses concurrentes étaient souvent plus radicales et exigeantes.
Le luxe Baccara, un écrin pour la performance

La Biturbo n’était pas qu’un moteur. Elle était systématiquement associée à la finition la plus haute de Renault : Baccara (puis Initiale Paris). L’habitacle était un véritable salon d’affaires. Les sièges Ergofit, réglables électriquement et chauffants, offraient un maintien et un confort exceptionnels, tandis que le cuir pleine fleur et les inserts en ronce de noyer recouvraient la planche de bord et les contre-portes. L’équipement était pléthorique pour l’époque : climatisation automatique bizone, chaîne hi-fi à six haut-parleurs, et bien sûr, la fameuse synthèse de parole qui vous informait d’une porte mal fermée ou d’un niveau bas. Ce luxe, combiné à la complexité technique, avait cependant un prix.
Pourquoi le missile n’a jamais atteint sa cible

Malgré ses qualités indéniables, la Safrane Biturbo fut un échec commercial retentissant. Avec seulement 806 exemplaires produits entre 1994 et 1996, elle n’a jamais trouvé son public. La première raison fut son prix exorbitant : près de 430 000 Francs, soit le tarif d’une Porsche 911 ou d’une BMW M5. À ce niveau de prix, le blason sur la calandre devient un critère d’achat majeur, et l’image de marque de Renault ne pouvait rivaliser avec le prestige des constructeurs allemands. De plus, son look était beaucoup trop discret. À l’exception de jantes spécifiques et d’un bouclier avant légèrement redessiné, rien ne la distinguait d’une sage Safrane V6. Elle était un « sleeper », un loup dans la bergerie, mais les clients capables de dépenser une telle somme voulaient que leur statut se voie.
La Safrane Biturbo reste aujourd’hui le témoignage d’une ambition magnifique et d’un échec glorieux, celui d’un constructeur généraliste qui a osé rêver trop grand. Un collector rare et fascinant qui incarne le pinacle d’une certaine idée de l’automobile à la française.
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