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Saviez-vous que Citroën a tenté de créer un V8 pour la Traction en 1934 ? L’histoire secrète derrière ce restomod de 2026

En 1934, Citroën créait en secret une Traction V8, la 22CV. Disparue mystérieusement, la légende renaît aujourd’hui à travers un restomod de 850 ch qui accomplit enfin ce rêve avorté. Plongez dans une histoire de fantômes, d’ingénierie et de fureur mécanique

Publié

il y a 5 mois

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25 juin 2025

Par

L'Equipe EB Design

Il y a des silhouettes qui ne mentent pas. Celle de la Citroën Traction Avant en fait partie. Un regard, et vous voilà projeté sur une route nationale bordée de platanes, dans un film en noir et blanc où se côtoient résistants et gangsters élégants. C’est une icône, un monument national. Alors, imaginez un instant cette même silhouette, subtilement bodybuildée, cachant sous son long capot nervuré non pas le sage quatre-cylindres de vos souvenirs, mais un V8 surcompressé de 850 chevaux. Folie pure ? Blasphème ? Pas seulement. Ce restomod de 2026, au-delà de sa puissance démoniaque, est en réalité l’accomplissement d’un rêve avorté, la réponse assourdissante à une question posée il y a 90 ans dans le plus grand secret par Citroën.

1934, Le Salon de Paris et le Fantôme de la 22CV

Pour comprendre l’audace de cette création moderne, il faut remonter le temps. Nous sommes en octobre 1934, au Salon de l’Automobile de Paris. Citroën, alors à la pointe de l’innovation européenne, présente sa révolutionnaire Traction Avant. Mais sur le stand, loin de la foule qui s’amasse autour de la « 7A », un autre modèle attire les regards des connaisseurs. Elle est baptisée « 22CV ». Plus statutaire, plus cossue, elle se distingue par ses phares intégrés aux ailes et sa calandre marquée d’un « 8 ». Ce chiffre n’est pas un détail. Il annonce la couleur : sous le capot se niche un V8. André Citroën, visionnaire et flamboyant, rêvait d’une « Super Traction » pour damer le pion aux marques de luxe de l’époque, les Hotchkiss, Delage et autres Voisin. La 22CV devait être son arme fatale.

La Mécanique d’un Mythe

Ce moteur V8 était une pure création maison, une pièce d’ingénierie typique de l’audace du Quai de Javel. Il était conçu en accolant deux blocs quatre-cylindres de la 11CV, créant une architecture à 90 degrés d’une cylindrée de 3.8 litres. La puissance annoncée était de 100 chevaux, une cavalerie impressionnante pour l’époque, capable de propulser la berline à 140 km/h dans un confort et une tenue de route que personne ne pouvait égaler. C’était un monstre de technologie, une promesse de performance et de prestige. Pour visualiser le gouffre qui sépare le mythe de sa réincarnation moderne, un simple tableau vaut tous les discours.

Spécification	Traction 11CV (1934)	Traction 22CV V8 (Prototype 1934)	Restomod V8 (2026)
Moteur	4-cylindres en ligne	V8 à 90°	V8 Supercharged
Cylindrée	1.9 L	3.8 L	6.2 L
Puissance	46 ch	~ 100 ch	850 ch
Vitesse Maximale	115 km/h	~ 140 km/h	> 300 km/h (estimée)
Philosophie	La révolution populaire	Le luxe et la performance	La démesure absolue

Quand le Rêve s’Évapore

Pourtant, la 22CV n’ira jamais plus loin que le stand du Salon de Paris. Le rêve s’est brisé net. Financièrement exsangue à force d’investir dans l’innovation, Citroën est mis en faillite et racheté par Michelin à la fin de l’année 1934. La nouvelle direction, pragmatique et soucieuse de rentabilité, tranche dans le vif. Les projets jugés trop coûteux ou extravagants sont immédiatement abandonnés. La 22CV en fait partie. La légende raconte que la vingtaine de prototypes assemblés furent soit détruits, soit, pour la plupart, rappelés à l’usine pour être reconfigurés en banales « 11CV ». Ils se sont volatilisés, créant l’un des plus grands mystères de l’histoire automobile. Depuis, la quête d’une authentique 22CV survivante est devenue le Graal absolu pour les collectionneurs du monde entier. Une quête à ce jour restée vaine.

2026, la Résurrection Brutale d’un Fantôme

Jusqu’à aujourd’hui. Ce restomod de 2026 n’est pas un simple exercice de style. C’est un acte de mémoire, une forme de justice immanente. Ses créateurs n’ont pas simplement greffé un gros moteur dans une vieille voiture ; ils ont dialogué avec le fantôme de la 22CV. Le design extérieur respecte la pureté des lignes de Flaminio Bertoni, mais chaque détail est une affirmation. Les ailes sont subtilement élargies pour accueillir des trains roulants modernes, la suspension est entièrement repensée pour encaisser la furie du couple, et le châssis monocoque, révolutionnaire en 1934, est aujourd’hui renforcé au carbone pour ne pas se désintégrer au premier coup d’accélérateur. Le V8 moderne de 850 chevaux n’est pas juste huit fois plus puissant que l’original ; il est le cri de rage d’un projet réduit au silence il y a 90 ans. Là où la 22CV a disparu dans le plus grand secret, sa descendante spirituelle s’annonce dans un vacarme assourdissant de compresseur et d’échappements.

Ce projet fabuleux est bien plus qu’une automobile. C’est un pont jeté entre deux époques, une conversation passionnée entre des ingénieurs visionnaires séparés par près d’un siècle. Il prouve que les idées les plus fortes ne meurent jamais vraiment. Parfois, il leur faut juste un peu de temps, et une bonne dose de folie moderne, pour enfin voir le jour et entrer, cette fois pour de bon, dans la légende.