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Née des avions : 5 technologies de la Saab 900 directement issues de l’aéronautique

La Saab 900 est une icône car son design est directement hérité de l’aéronautique. Ses 5 innovations majeures incluent…

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Le slogan de Saab, « Née des avions » (Born from jets), est l’un des plus brillants jamais conçus. Mais ce n’était pas du marketing ; c’était un avertissement. Acheter une Saab, et plus particulièrement la 900 classique, ce n’était pas acheter une simple voiture. C’était adopter une philosophie d’ingénierie où chaque décision était dictée par la logique, la sécurité et l’ergonomie, souvent au mépris total des conventions automobiles de l’époque.

La Saab 900 (produite de 1978 à 1994) est l’incarnation la plus pure de cette mentalité. C’est moins une voiture qu’un cockpit sur roues, conçu par des ingénieurs aéronautiques qui appliquaient les mêmes principes de vol à la route. Voici cinq technologies et concepts de design que la 900 a directement hérités du ciel.

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1. Le Turbo : La puissance intelligente, pas la force brute

Dans l’aviation, la suralimentation (via un turbocompresseur) était essentielle. En altitude, l’air se raréfie, et les moteurs à pistons perdent leur souffle. Le turbo compresse cet air raréfié pour maintenir la puissance.

Quand Saab a adopté le turbo pour ses voitures, l’objectif était différent de celui de Porsche ou BMW. Il ne s’agissait pas de créer un monstre de piste. Il s’agissait d’efficacité aéronautique : utiliser un petit moteur (un 2.0L) et lui donner le couple et la puissance d’un gros V6 ou V8, uniquement lorsque c’était nécessaire (pour un dépassement).

Saab a été le pionnier de la gestion électronique de cette puissance avec son système APC (Automatic Performance Control), qui gérait la pression du turbo pour éviter le « cliquetis » et fiabiliser la mécanique. C’était du « downsizing » avant l’heure. Une approche d’ingénieur, pas de « muscle car ».

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La 900 Turbo n’utilisait pas la puissance pour l’intimidation, mais pour l’efficacité intelligente, un principe clé de l’ingénierie aéronautique.

2. L’ergonomie obsessionnelle du poste de pilotage

Regardez le cockpit d’un avion : rien n’est là par hasard. Chaque commande vitale est accessible sans que le pilote ne quitte l’horizon des yeux. La forme, la taille et l’emplacement des boutons sont dictés par la fonction, pas par l’esthétique.

La Saab 900 est identique. Le tableau de bord n’est pas plat ; il s’incurve autour du conducteur. Les commandes essentielles, comme la radio et le système de chauffage (réputé pour sa puissance), sont placées très haut, juste sous la ligne de mire, pour minimiser la distraction. Les boutons sont larges, tactiles, et conçus pour être utilisés avec des gants épais – une nécessité absolue dans l’hiver suédois, mais aussi un standard pour les pilotes.

La fameuse clé de contact, placée entre les sièges, n’était pas un gadget. C’était une décision de sécurité (pour éviter de blesser le genou du conducteur lors d’un crash) et de logique (elle forçait le conducteur à engager la marche arrière pour retirer la clé, agissant comme un antivol et un frein à main naturel).

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Analyse Ergonomique du Cockpit Saab 900

A
Zone de Priorité 1 (Haute) : Commandes radio et climatisation. Placée haut pour minimiser le mouvement des yeux hors de la route.
B
Tableau de bord incurvé : Tous les instruments sont à équidistance des yeux du pilote, réduisant le temps de mise au point.
C
Clé de contact centrale : Logique de sécurité (ne blesse pas le genou) et mécanique (verrouille la boîte de vitesses).

3. Le « Night Panel » : La sécurité par l’obscurité

C’est peut-être la caractéristique la plus directement « aéronautique ». Les pilotes de chasse et de ligne volent souvent dans l’obscurité totale. Pour préserver leur vision nocturne, ils éteignent tous les instruments non essentiels du cockpit, ne gardant que l’horizon artificiel et le badin (indicateur de vitesse).

Saab a transposé cela sur la route avec le « Night Panel » (plus tard appelé « Black Panel »). D’une simple pression sur un bouton, l’intégralité de l’éclairage du tableau de bord s’éteint, à l’exception du compteur de vitesse, dont l’éclairage est atténué. Le conducteur peut ainsi se concentrer à 100% sur la route, sans pollution lumineuse.

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Le génie ? Si une jauge nécessite l’attention (niveau d’essence bas, température moteur élevée), cet instrument spécifique se rallume automatiquement. C’est la définition même de l’information pertinente, au bon moment.

4. La cage de sécurité en acier

Un fuselage d’avion est conçu comme une structure rigide (la cabine) protégée par des zones déformables (ailes, nez). La priorité absolue est de maintenir l’intégrité de l’espace vital des occupants en cas d’incident.

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Saab appliquait cette philosophie de « cage de survie » bien avant qu’elle ne devienne une norme de l’industrie. La 900 était construite autour d’une cellule centrale en acier ultra-rigide. Elle était dotée d’énormes poutres de renfort dans les portières (Saab testait ses voitures non seulement contre d’autres voitures, mais aussi contre des impacts d’élans) et de pare-chocs conçus pour absorber des impacts à basse vitesse sans dommage structurel. La robustesse légendaire de la 900 n’était pas un accident, c’était un principe de conception aéronautique.

Concept de Sécurité Structurelle (Type Aviation)

Zones de Déformation

Avant et arrière conçus pour absorber et dissiper l’énergie cinétique lors d’un impact.

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Cage de Survie Rigide

L’habitacle (cellule centrale) est renforcé avec de l’acier à haute résistance pour empêcher l’intrusion.

Zones de Déformation

Les pare-chocs et les structures arrière protègent la cellule de sécurité principale.

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Le poste de pilotage d'une Saab 900, montrant le tableau de bord ergonomique incurvé et les commandes accessibles.
Le cockpit de la 900 : les commandes sont placées en hauteur et les boutons sont larges, une ergonomie pensée pour la conduite et non pour le style.

5. Le pare-brise « Wrap-Around »

Dans un avion de chasse ou un cockpit de ligne, la visibilité est la sécurité numéro un. La verrière (« canopy ») doit offrir un champ de vision panoramique, avec un minimum d’angles morts.

La Saab 900 a appliqué ce principe à la lettre. Son pare-brise est légendaire : il est immense, presque vertical, et s’enroule de manière spectaculaire sur les côtés (un design dit « wrap-around »). Combiné à des montants de pare-brise (les piliers A) très fins pour l’époque, il offrait au conducteur une visibilité panoramique inégalée.

Alors que d’autres constructeurs privilégiaient des pare-brise inclinés pour l’aérodynamisme (sacrifiant souvent la visibilité), Saab a fait un compromis dicté par la sécurité. Ironiquement, ce pare-brise droit et cette silhouette en « virgule » ont donné à la 900 un profil aérodynamique étonnamment efficace.

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Vue extérieure de l'avant d'une Saab 900, soulignant le pare-brise enveloppant et quasi vertical.
Le pare-brise « wrap-around » de la 900 était un choix de sécurité (visibilité maximale) avant d’être un trait de style.

L’intégrité avant le style

La Saab 900 n’a jamais été une voiture comme les autres. Elle était le fruit d’une culture d’entreprise unique, où les ingénieurs aéronautiques avaient le dernier mot sur les designers et les comptables.

Chaque « bizarrerie » de la 900 – du turbo intelligent à la clé de contact centrale, en passant par le « Night Panel » – avait une justification fonctionnelle profonde. C’est cette intégrité totale du design, cette obsession de la fonction sur la forme, qui la rend si fascinante aujourd’hui. Elle ne cherchait pas à être belle ou à la mode ; elle cherchait à être la machine de conduite la plus sûre, la plus logique et la plus efficace possible. Et c’est précisément ce qui l’a rendue intemporelle.

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