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Les 7 anecdotes les plus folles sur la Peugeot 104 que même les passionnés ne connaissent pas

On la croit simple et sage, mais la Peugeot 104 cache des secrets incroyables. De son design signé Pininfarina à sa version pick-up Gruau, en passant par son moteur qui aurait dû être un Renault et la création forcée de la ZS2

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Les 7 anecdotes les plus folles sur la Peugeot 104 que même les passionnés ne connaissent pas

On croit tout savoir sur la Peugeot 104. On la voit comme la petite citadine sage et carrée des années 70, la voiture des étudiants ou le deuxième véhicule du foyer, celle qui a fidèlement servi des familles entières avant de disparaître, vaincue par la rouille et les primes à la casse. Mignonne, un peu désuète, mais simple. Trop simple ? C’est là que tout le monde se trompe. Sous cette carrosserie dessinée au cordeau se cachent des drames industriels, des coups de génie de designers légendaires, des ambitions sportives dévorantes et des destins totalement inattendus. Oubliez l’image d’Épinal. La 104 n’était pas un simple numéro dans la gamme Peugeot ; c’était un véritable concentré d’histoires secrètes.

Les 7 anecdotes les plus folles sur la Peugeot 104 que même les passionnés ne connaissent pas

1. Pininfarina, oui, mais pas comme vous l’imaginez

Le badge « Pininfarina » sur une voiture évoque instantanément les lignes flamboyantes d’une Ferrari ou l’élégance d’un grand coupé. Sur une petite Peugeot 104, il semble presque incongru. Pourtant, il est bien là, et son rôle fut bien plus crucial qu’un simple coup de crayon pour faire joli. Au début des années 70, le cahier des charges de Peugeot était un véritable casse-tête : créer la berline quatre portes la plus courte du monde. Une mission quasi impossible qui fut confiée au studio turinois. Mais ce n’est pas « Pinin » en personne qui s’y est collé. Le projet fut mené par une équipe dirigée par le designer Leonardo Fioravanti, mais c’est un certain Paolo Martin qui a signé le design de l’habitacle et surtout de la planche de bord. Son coup de génie ? Un design horizontal, incroyablement épuré, avec un combiné d’instruments compact et des commandes regroupées de manière ultra-logique. À l’extérieur, l’équipe a réussi à intégrer quatre portes et un coffre (qui deviendra un hayon en 1976) dans seulement 3,58 mètres, en jouant sur une hauteur inhabituelle pour maximiser l’espace à bord. La 104 n’est donc pas juste « dessinée par Pininfarina » ; elle est le fruit d’une réflexion intense sur l’ingénierie du packaging, une leçon de design fonctionnel avant d’être un objet de style.

2. Son moteur « valise » aurait dû être un Renault

Le cœur de la 104, son fameux moteur « X », est une légende en soi. Surnommé « moteur valise » en raison de sa conception qui permettait de séparer la boîte de vitesses du bloc (placée en dessous et partageant la même huile), il était surtout connu pour son inclinaison à 72 degrés vers l’arrière. Cette architecture permettait d’abaisser le capot et d’optimiser l’espace. Mais l’anecdote la plus folle, c’est que ce moteur n’aurait jamais dû être exclusivement Peugeot. Il est né du « Projet M », une collaboration initiée dans les années 60 entre Peugeot et… Renault ! Les deux rivaux avaient décidé de développer ensemble une nouvelle gamme de moteurs modernes. Cependant, des divergences de vision et la fameuse « guerre des fiertés » entre les deux entreprises ont eu raison du projet. Renault s’est retiré, laissant Peugeot seul avec les plans et les coûts de développement. Peugeot a donc finalisé le moteur seul, donnant naissance aux blocs X, XL, XV, etc. qui équiperont non seulement la 104, mais aussi une myriade d’autres modèles du futur groupe PSA (Samba, Visa, C15, 205…). Imaginez un instant une Renault 5 avec ce moteur sous le capot. L’histoire automobile française en aurait été changée.

Les 7 anecdotes les plus folles sur la Peugeot 104 que même les passionnés ne connaissent pas

3. La plateforme qui a enfanté ses rivales par la force

L’histoire de la plateforme de la 104 est un véritable thriller industriel. En 1974, Peugeot rachète un Citroën au bord de la faillite et fonde le groupe PSA. Chez Citroën, les ingénieurs travaillaient sur le « Projet Y », une voiture innovante destinée à remplacer l’Ami 8, avec une base technique issue de la Fiat 127. Mais la nouvelle direction de Peugeot a mis un terme brutal au projet, imposant une solution bien plus économique : utiliser la plateforme de la 104. Ce fut un véritable crève-cœur pour les équipes de Citroën, forcées de rhabiller une base technique Peugeot. De cette greffe forcée naîtra la Citroën Visa, qui, malgré tout, conservera une forte personnalité et même, à ses débuts, le moteur bicylindre de la 2CV. Mais le cannibalisme ne s’arrête pas là. Lorsque PSA rachète Chrysler Europe (Simca) en 1978 pour créer Talbot, il faut de toute urgence un nouveau modèle pour remplacer la vieillissante Simca 1000. La solution ? Recarrosser une nouvelle fois la plateforme de la 104 pour créer, en un temps record, la Talbot Samba. La 104 est donc devenue, par la force des fusions-acquisitions, la mère de ses propres concurrentes.

ModèleLongueur (m)Empattement (m)Poids à vide (kg)Moteur d’entrée de gamme (cc)
Peugeot 104 Z (3p)3.302.23~760954
Citroën LNA3.432.23~705652 (bicylindre Citroën)
Talbot Samba3.512.34~740954 (moteur Peugeot)

4. La ZS2 : la « bombinette » née sous la contrainte des pilotes

La Peugeot 104 ZS2 est un mythe. Une série limitée à 1000 exemplaires, noire et rouge, bodybuildée, un monstre de 93 chevaux pour à peine 800 kg. On la voit comme une géniale anticipation des futures GTI. La réalité est plus complexe. Au milieu des années 70, Peugeot Talbot Sport, alors dirigé par un certain Jean Todt, engage des coupés 104 ZS en rallye. Mais pour être compétitif en Groupe 2, il fallait des évolutions que la voiture de série ne possédait pas. La direction de Peugeot était frileuse à l’idée de produire une version aussi radicale. La pression des équipes de course et des pilotes comme Jean-Claude Lefebvre fut si forte que la marque au lion a dû céder. La ZS2 n’est donc pas le fruit d’une stratégie marketing, mais une « série d’homologation » produite à la va-vite pour satisfaire le règlement. Les 1000 exemplaires n’ont pas été produits pour créer l’exclusivité, mais parce que c’était le chiffre minimum requis par la FIA. Elle fut assemblée en urgence, presque à contrecœur, pour permettre à ses grandes sœurs de course d’aller se battre sur les spéciales du Monte-Carlo.

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Les 7 anecdotes les plus folles sur la Peugeot 104 que même les passionnés ne connaissent pas

5. La « Peugette » et les cabriolets fantômes

Peugeot n’a jamais produit de 104 cabriolet de série. Un manque cruel, surtout face à la Renault 5, qui existait en version « découvrable ». Pourtant, l’idée a flotté dans l’air, et de la plus spectaculaire des manières. En 1976, Pininfarina présente au Salon de Turin un concept-car totalement fou sur base de 104 : la « Peugette ». Il s’agissait d’une barquette minimaliste, sans portes ni pare-brise, un simple roadster de plage. Le design était si pur et avant-gardiste qu’il a inspiré des décennies plus tard le design de la… Ferrari F355, notamment pour ses entrées d’air latérales ! Ce concept est resté sans lendemain, mais la demande pour une 104 à ciel ouvert était bien réelle. Plusieurs carrossiers indépendants, notamment en Allemagne (comme Voll) ou en France, ont alors proposé des transformations artisanales en cabriolet sur la base du coupé Z. Ces versions, rarissimes aujourd’hui, sont des curiosités qui témoignent du potentiel « fun » inexploité de la petite lionne.

6. La 104 Pick-up qui n’avait peur de rien

Parmi les déclinaisons les plus improbables de la 104, celle-ci remporte la palme de l’insolite. Oui, il a existé une version pick-up de la Peugeot 104. Ce n’était pas une production d’usine, mais une transformation officielle réalisée par le célèbre carrossier français Gruau, spécialiste des véhicules utilitaires. Sur la base d’un coupé 104, Gruau découpait toute la partie arrière pour y greffer une petite benne, renforcée et parfois couverte d’une bâche. Destinée aux artisans, aux fleuristes ou aux petites entreprises ayant besoin d’un véhicule de livraison agile en ville, cette version est un ovni roulant. Son look est un mélange détonnant entre la bouille sympathique de la 104 et le côté purement fonctionnel d’un pick-up. Produite en très petite série, en croiser une aujourd’hui relève de l’exploit et rappelle une époque où la modularité et l’ingéniosité permettaient de créer des véhicules sur-mesure totalement uniques.

Les 7 anecdotes les plus folles sur la Peugeot 104 que même les passionnés ne connaissent pas

7. Sa seconde vie inattendue de reine d’Afrique

Alors que la carrière de la 104 s’achevait en Europe en 1988 après 16 ans de bons et loyaux services, une seconde vie commençait pour elle bien loin de Sochaux. Sa robustesse mécanique, sa simplicité d’entretien et sa suspension souple en ont fait une candidate idéale pour les routes et les pistes de certains pays d’Afrique du Nord. Elle a connu un succès particulièrement notable en Égypte, où elle fut assemblée localement sous forme de CKD (Completely Knocked Down), c’est-à-dire en kits pré-assemblés envoyés de France. Là-bas, elle est devenue une voiture extrêmement populaire, appréciée pour sa capacité à endurer des conditions difficiles. Cette carrière post-européenne explique en partie pourquoi tant de 104 ont « disparu » de nos contrées : elles n’ont pas toutes été mises à la casse, beaucoup ont été exportées pour vivre une nouvelle aventure sous un autre soleil. La petite citadine française est ainsi devenue, pour beaucoup, une reine du désert et des villes animées du Caire.

Alors, la prochaine fois que vous croiserez une de ces rares survivantes, ne voyez pas juste une petite voiture carrée. Voyez un concentré d’histoires, une survivante des batailles industrielles, une muse de designers et une bête de course cachée sous un costume de citadine. La Peugeot 104 n’est décidément pas celle que l’on croit.

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