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Le jour où un cheikh saoudien a commandé 5 Citroen DS Cabriolet avec des options totalement délirantes

Au cœur des années 60, une commande folle a marqué l’histoire de la DS Cabriolet. Un cheikh saoudien, des options délirantes comme un minibar, des cuirs sur mesure…

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Le jour où un cheikh saoudien a commandé 5 Citroen DS Cabriolet avec des options totalement délirantes

Dans le Paris des années 60, épicentre mondial du chic et de l’élégance, la Citroën DS régnait en déesse incontestée. Elle n’était pas une voiture, mais un manifeste roulant, une sculpture cinétique qui semblait flotter au-dessus des pavés. Pour le commun des mortels, la version cabriolet, officiellement produite par Citroën mais assemblée par le maître carrossier Henri Chapron, représentait déjà un aboutissement. Mais pour une élite mondiale en quête d’absolu, même cet aboutissement n’était qu’un point de départ. C’est dans ce contexte, au sein des ateliers feutrés de Chapron à Levallois-Perret, qu’une commande venue du désert allait transformer une légende en mythe, repoussant les limites du sur-mesure automobile à un niveau jamais vu.

Bien Plus qu’une Usine, un Atelier de Haute Couture Automobile

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Pour comprendre la genèse d’une telle folie, il faut comprendre la nature de la relation entre Citroën et Henri Chapron. Citroën était un géant industriel, le roi de la production de masse innovante. Chapron, lui, était un artisan, un artiste du métal dont les mains façonnaient des pièces uniques depuis les années 20. Quand Citroën a décidé de ne pas produire en interne le cabriolet DS, c’est vers cet orfèvre qu’ils se sont tournés. Chapron assemblait donc le « Cabriolet Usine » vendu dans le réseau Citroën, mais il conservait le droit de créer et de vendre ses propres versions, encore plus exclusives, sous des noms évocateurs comme « Le Caddy », « Palm Beach » ou « Le Dandy ». Son atelier n’était pas une chaîne de montage, mais un salon de haute couture où les clients les plus fortunés du globe venaient habiller leur DS. Et certains d’entre eux n’avaient aucune limite.

La Rumeur du Désert et la Folie des Grandeurs

Le jour où un cheikh saoudien a commandé 5 Citroen DS Cabriolet avec des options totalement délirantes

La légende, car c’en est une, tenace dans le milieu des collectionneurs, parle d’une journée pas comme les autres. Un émissaire, agissant pour le compte d’un puissant cheikh saoudien, se présente chez Chapron. La demande est simple en apparence, mais absurde dans ses proportions : le cheikh désire cinq cabriolets DS 21. Pas un, mais cinq. Un pour lui, et quatre pour les membres de sa suite directe lors de ses séjours sur la Côte d’Azur. La flotte devait être peinte dans un « Noir Corbeau » identique, mais l’intérieur de chaque exemplaire devait arborer une couleur de cuir Connolly différente, permettant au cheikh de choisir sa voiture selon son humeur du jour. Mais le diable, comme toujours, se cachait dans les détails. La véritable extravagance se nichait dans la liste des options spéciales, un cahier des charges qui a dû faire froncer plus d’un sourcil aux ingénieurs de Levallois.

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Si la commande groupée des cinq cabriolets reste un mythe savoureux, elle est le reflet de demandes bien réelles qui ont ponctué la carrière de Chapron. Les archives et les témoignages confirment des commandes unitaires tout aussi folles. L’une des plus célèbres options demandées par ces clients venus du Golfe ou d’ailleurs était l’intégration d’un véritable minibar réfrigéré dans l’habitacle. Il était souvent dissimulé dans un accoudoir central surdimensionné, gainé de cuir, ou parfois même directement dans la planche de bord modifiée. Le défi technique était immense : il fallait intégrer un compresseur, assurer son alimentation électrique et gérer la dissipation de chaleur sans jamais compromettre la pureté du design de Bertoni. Le tout, bien sûr, sans la moindre vibration parasite.

SpécificationDS 21 Cabriolet « Usine » (Standard)Hypothetique DS 21 Cabriolet « Édition Émir » par Chapron
Prix de Base (1968)Environ 24,000 FF35,000 FF et plus
SellerieCuir noir ou naturel (standard)Cuir Connolly sur mesure (teinte au choix)
Planche de BordStandard, peinteRemplacée par une boiserie en ronce de noyer
Équipements SpéciauxClimatisation en optionMinibar réfrigéré, autoradio stéréo, vitres teintées
Détails ExtérieursEnjoliveurs standardsEnjoliveurs spécifiques, monogrammes personnalisés
Prix Final EstiméEnviron 27,000 FFPlus de 50,000 FF

Le Design au Service du Caprice

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Ces demandes n’étaient pas de simples ajouts d’accessoires ; elles exigeaient une réinterprétation du design intérieur. Chaque commande spéciale était un nouveau projet. Un client a exigé que le cuir de sa DS soit rigoureusement de la même teinte que le sac à main de son épouse. Un autre a fait monter un tableau de bord complet en bois précieux, une hérésie magnifique qui contrastait avec le plastique futuriste de la planche de bord originale. On parle aussi de commandes avec des pommeaux de levier de vitesse en ivoire, des tapis de sol en laine épaisse de première qualité et même, pour les plus audacieux, des garnitures extérieures plaquées d’or fin à la place du chrome ou de l’inox. Chaque voiture devenait une œuvre d’art unique, un dialogue entre le génie visionnaire de Flaminio Bertoni, le créateur de la DS, et l’ego sans limites de son propriétaire.

L’Héritage de l’Extravagance

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Que sont devenues ces voitures ? Beaucoup ont disparu, certaines reposent dans des collections privées au Moyen-Orient, dormant sous des bâches climatisées. D’autres refont surface périodiquement lors de ventes aux enchères, affolant les compteurs et dépassant parfois le demi-million d’euros. Leur valeur ne réside pas seulement dans leur rareté, mais dans l’histoire qu’elles racontent. Elles sont le témoignage d’une époque révolue où l’argent pouvait encore acheter l’exclusivité absolue et le savoir-faire d’un artisan.

Le jour où un cheikh saoudien a commandé 5 Citroen DS Cabriolet avec des options totalement délirantes

Cet héritage de la personnalisation extrême se retrouve aujourd’hui chez les constructeurs de grand luxe comme Rolls-Royce ou Pagani, mais aussi, clin d’œil de l’histoire, dans les finitions « Opéra » de la marque DS Automobiles moderne, qui tente de renouer avec cet esprit de haute couture. Au final, la légende du cheikh et de ses cinq cabriolets nous rappelle une vérité essentielle : la Citroën DS n’a jamais été seulement une voiture. Elle était un rêve, et pour quelques privilégiés, Henri Chapron était l’homme qui pouvait transformer ce rêve en une réalité tangible, aussi délirante soit-elle.

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