SECRETS ET ANECDOTES

L’arme anti-R4 : 5 détails de conception que Citroën a inventés pour la Dyane

a Citroën Dyane a été conçue comme une réponse directe à la Renault 4. Pour la concurrencer, les ingénieurs de Citroën ont inventé 5 détails de conception uniques : un hayon vertical plus modulable, des portes concaves pour la rigidité et l’espace, des phares intégrés aux ailes (réglables), des poignées « tirette » économiques, et une capote sophistiquée actionnable de l’intérieur, combinant praticité et style de vie « cabriolet ».

Publié

il y a 4 semaines

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21 octobre 2025

Par

L'Equipe EB Design

Dans le grand échiquier de l’automobile populaire française, la Renault 4 a été un coup de maître. Lancée en 1961, elle a défini la voiture à tout faire moderne : un moteur avant, une suspension confortable et, surtout, une cinquième porte. Un hayon. Pendant ce temps, chez Citroën, la mythique 2CV commençait à sentir le poids des ans. Sa petite malle de coffre faisait pâle figure face à la polyvalence béante de la R4.

La réponse de Citroën n’a pas été de remplacer la 2CV, mais de la flanquer d’une sœur d’armes : le « Projet AY », qui deviendra la Dyane en 1967.

Ne vous y trompez pas. La Dyane n’est pas un simple restylage de la 2CV. C’est une réponse stratégique, une arme conçue point par point pour contrer la Renault 4. Son design n’est pas le fruit du hasard, mais une série de décisions ingénieuses dictées par la concurrence. Voici les 5 détails de conception que Citroën a spécifiquement inventés pour la Dyane.

1. Le Hayon : L’évidence, réinterprétée

Le cahier des charges de la Dyane avait un point non négociable : il fallait une cinquième porte pour rivaliser avec la R4. La 2CV était battue sur ce terrain. Citroën a donc doté la Dyane d’un véritable hayon, mais en y ajoutant sa propre philosophie.

Contrairement au hayon très incliné de la R4, celui de la Dyane restait quasi vertical. Ce choix permettait deux choses : maximiser le volume de chargement jusqu’au plafond et conserver une excellente visibilité arrière. Plus malin encore, sur les toutes premières versions, la lunette arrière pouvait s’ouvrir indépendamment du panneau de coffre, offrant une modularité que la R4 n’avait pas. C’était la réponse directe de Citroën : « Vous avez un hayon ? Nous avons un hayon plus intelligent. »

Vue arrière d'une Citroën Dyane avec son hayon caractéristique ouvert, illustrant sa conception anti-Renault 4.

Légende : La réponse de Citroën à la R4 : un hayon vertical offrant un volume de chargement cubique et une modularité supérieure. — La réponse de Citroën à la R4 : un hayon vertical offrant un volume de chargement cubique et une modularité supérieure.

2. Les Portes Concaves

C’est peut-être le détail le plus « étrange » et le plus brillant de la Dyane. Ses portes ne sont pas plates, elles sont creusées, concaves. On pourrait y voir un simple effet de style pour la différencier de la 2CV, mais la raison est purement technique.

En « emboutissant » (pressant) la tôle fine de cette manière, les ingénieurs de Citroën ont créé une structure naturellement rigide. Cela permettait d’utiliser moins de renforts internes, donc de réduire le poids et le coût de production. De plus, ce profil creusé permettait de conserver une bonne largeur aux coudes à l’intérieur, tout en présentant une largeur hors-tout légèrement réduite. C’était de l’optimisation de l’espace et de la matière, là où la R4 se contentait de flancs plats conventionnels.

3. Les Phares Intégrés (et réglables)

Adieu les phares ronds et indépendants de la 2CV, qui dataient des années 40. La Dyane devait paraître moderne. La R4 avait déjà intégré ses optiques dans la calandre. Citroën est allé plus loin.

La Dyane a été le premier modèle de la famille « A » (la plateforme de la 2CV) à intégrer ses phares directement dans les ailes avant. Qu’ils soient carrés (sur les premières Dyane 6) ou ronds par la suite, ils faisaient partie intégrante de la carrosserie, donnant un visage plus large, plus stable et plus moderne. Le détail génial ? Sur la plupart des modèles, ils étaient réglables en hauteur depuis le tableau de bord, permettant de compenser l’assiette de la voiture lorsqu’elle était lourdement chargée.

Gros plan sur le design avant de la Citroën Dyane, montrant le phare intégré et la porte concave distinctive. — Modernité forcée : le phare intégré dans l’aile et la fameuse porte concave, deux signatures design de la Dyane.

4. Les Poignées « Tirette » : La simplicité comme arme

Comment économiser sur un composant aussi banal qu’une poignée de porte ? La R4 utilisait des poignées « standard » en métal chromé, qui coûtaient cher et prenaient du temps à assembler.

La réponse de Citroën fut la poignée « tirette ». Une simple gâchette horizontale, souvent en plastique, intégrée dans un logement fixe. C’était minimaliste, incroyablement économique à produire, plus fiable (moins de pièces mobiles exposées) et, selon Citroën, moins susceptible de geler en hiver. Ce détail résume la philosophie de la Dyane : pourquoi utiliser une solution conventionnelle et chère quand une idée simple et ingénieuse fait mieux le travail ?

5. La Capote : L’argument « Style de Vie »

La Renault 4 était une voiture pratique, mais c’était une boîte fermée. Elle n’avait pas d’âme « loisir ». La Dyane, elle, conservait l’ADN fondamental de la 2CV : le plaisir de rouler à l’air libre.

Mais Citroën ne s’est pas contenté de copier la capote de la 2CV. Le système de la Dyane était bien plus sophistiqué. Il était conçu pour être actionné de l’intérieur, d’une seule main, grâce à une poignée centrale. Surtout, elle offrait plusieurs positions : juste entrouverte, ouverte au-dessus des passagers avant, ou totalement repliée jusqu’à la lunette arrière. C’était l’argument « cabriolet » que la R4 ne pouvait absolument pas contrer. Elle offrait la praticité du hayon ET le plaisir de la décapotable.

Une Citroën Dyane de profil en mouvement, avec sa capote en toile ouverte, montrant son aspect "style de vie". — L’avantage décisif : la Dyane combinait la praticité du hayon avec le plaisir d’une capote multi-positions, un luxe que la R4 n’offrait pas.

Ces cinq détails prouvent que la Dyane était bien plus qu’une « 2CV améliorée ». C’était un commando design, une réponse ciblée et ingénieuse à un succès commercial écrasant.

La Dyane a-t-elle réussi à détrôner la Renault 4 ? L’histoire montre que non, la R4 a poursuivi sa carrière phénoménale. Mais la Dyane a brillamment rempli sa mission : elle a modernisé l’offre de Citroën, offert une alternative crédible et désirable, et a permis à la 2CV de continuer sa propre vie. C’était une leçon de design stratégique, où chaque courbe et chaque mécanisme avait un seul but : se battre.