BMW M9 : La vérité sur la supercar fantôme que BMW vous a cachée

La BMW M9. Ces deux mots suffisent à enflammer l’imagination de tout passionné d’automobile. C’est la supercar ultime de Munich, le monstre de performance que tout le monde attend, le fantôme qui hante les forums et les réseaux sociaux depuis plus d’une décennie. Pourtant, cette voiture n’existe pas. La vraie question n’est pas « si » BMW pouvait la construire, mais « pourquoi » ils ont activement choisi de ne pas le faire, étouffant dans l’œuf le projet qui aurait pu tout changer.

Une Légende Née du Désir des Fans

Contrairement à une rumeur classique, le mythe de la M9 n’est pas né dans les couloirs de Munich, mais dans le cœur des passionnés. Frustrés de ne jamais voir de véritable descendante à l’iconique BMW M1 de 1978, des designers indépendants et des artistes numériques ont commencé à imaginer à quoi ressemblerait une hypercar BMW du 21e siècle. Des créateurs comme Razvan Radion ont mis un visage sur le fantasme, avec des lignes agressives et des proportions spectaculaires qui ont fait le tour du monde. Ces rendus non officiels ont créé une telle attente, une telle pression populaire, que le nom « M9 » est devenu un synonyme de l’ambition que les fans voulaient voir chez BMW, mais que la marque semblait avoir perdue.

Vision M Next : Le Projet Poignardé dans le Dos

La vérité, c’est que BMW a eu sa chance. En 2019, le voile est levé sur le concept BMW Vision M Next. Pour tout le monde, c’était elle, la future M9. Son design était une claque visuelle, un hommage moderne à la M1 avec des portes en élytre et une posture de prédateur. La fiche technique annonçait la couleur : une motorisation hybride rechargeable « Power PHEV » associant un quatre cylindres turbo à des moteurs électriques pour une puissance combinée de 600 chevaux, un 0 à 100 km/h en 3 secondes et une vitesse de pointe de 300 km/h. Le monde retenait son souffle. C’était la base parfaite, le prototype quasi-définitif.

Puis, le silence. Les rumeurs de son annulation ont commencé à circuler avant d’être confirmées. La raison officielle ? Des coûts de développement exorbitants, estimés à plus d’un demi-milliard d’euros, et une réorientation stratégique vers l’électrification de masse et les SUV. En clair, le conseil d’administration a jugé qu’un tel projet « image » était un risque financier trop grand. Ils ont tué la M9 avant même qu’elle ne naisse.

Les Preuves du Crime : Brevets et Langue de Bois

Ce qui rend cette décision encore plus frustrante, ce sont les preuves qui subsistent. BMW a bel et bien déposé le nom « M9 » auprès des offices de propriété intellectuelle. Un acte juridique souvent banal pour une marque, mais qui, dans ce contexte, sonne comme un aveu. Ils y ont pensé. Ils ont sécurisé le nom. Le plan existait.

Quand on interroge aujourd’hui les dirigeants de la division M, comme son patron Frank van Meel, la réponse est un discours parfaitement rodé : « une supercar dédiée n’est pas notre priorité absolue », « nous nous concentrons sur les dérivés haute performance de nos modèles de série ». Cette langue de bois peine à cacher la réalité : le courage de lancer une machine aussi radicale que la M9, une voiture qui ne vise pas les volumes de vente mais la suprématie technologique et l’âme de la marque, a disparu. À la place, on nous propose le controversé XM, un SUV lourd et puissant, ou des séries très limitées comme la 3.0 CSL, vendues à des prix astronomiques.

Le Portrait-Robot d’une Révolution Manquée

Si BMW avait eu le cran d’aller au bout, à quoi aurions-nous eu droit ? En se basant sur la Vision M Next et les technologies actuelles, la M9 de série aurait été une machine redoutable. Imaginez un châssis monocoque en fibre de carbone, un groupe motopropulseur hybride développant non pas 600, mais plus de 750 chevaux pour rivaliser avec une Ferrari 296 GTB ou une McLaren Artura.

Elle aurait embarqué le meilleur du savoir-faire de BMW en matière de dynamique de conduite, une aérodynamique active et un intérieur centré sur le pilote. Elle n’aurait pas seulement été une vitrine, mais une déclaration : celle que BMW était toujours le maître incontesté de « la joie de conduire » (Freude am Fahren). Au lieu de ça, la division M se concentre sur l’ajout de puissance à des plateformes existantes, créant des voitures incroyablement rapides, certes, mais sans l’aura ni l’exclusivité d’une véritable supercar conçue comme telle.

La M9 reste donc ce qu’elle a toujours été : le miroir des ambitions que BMW semble ne plus avoir.